Le lérot

Eliomys quercinus
Garden dormouse

 


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Vous avez peut-être aperçu le soir, dans les arbres de votre jardin ou en forêt, ce petit animal qui ressemble à un hamster à lunettes. Il mesure environ 15 cm + 10 cm de queue, il a de grandes oreilles arrondies, son poil est gris sur le dessus avec une bande noire sous les oreilles et un cercle noir autour des yeux. Une tache plus sombre également  aux  dessus des  pattes antérieures.  Sa gorge et  son ventre sont  blancs.  Sa queue est velue avec la pointe en pinceau blanc bordé de noir.

En  Europe on  le trouve un peu partout,  à l'exception des îles britanniques. Il apprécie les endroits boisés ;  forêts,  parcs,  jardins,  (les haies).  Il  vit aussi  en  ville, pourvu qu'il  y  ait de la végétation à proximité et des cachettes pour se réfugier. (arbres creux, tas de bois, cabanes de jardinier, boîte aux  lettres,  nichoirs  à  oiseaux, greniers,  vieux murs,  bâtiments désaffectés, friches industrielles, ruines...)
Le territoire d’une famille de lérots s’étend sur 500 m2 environ, selon les ressources.
 

Sa vivacité et son agilité sont remarquables. Il est capable de "courir" verticalement sur les murs. (Voir vidéo ci-contre).
Cet acrobate aime vivre perché. Son mode de vie frugivore l’a contraint à devenir un grimpeur habile.
Vous le verrez le plus souvent suspendu dans la végétation pour des raisons alimentaires ou niché sur les hauteurs (rochers, murs, toits,…) par sécurité. Il s’aventure moins souvent sur le sol où les fruits sont plus rares et où il plus risqué de nidifier. Notamment lors de l’hibernation, en raison d’une pression plus forte des prédateurs ou exposition aux inondations par exemple… (Sagesse animale : savoir se camoufler en toute tranquillité quand parfois la léthargie peut durer jusqu’à 7 mois selon les régions).

 

Le lérot est un rongeur et à ce titre il nous inquiète. On le confond avec son cousin éloigné le rat et on l'accuse de ravages dans les récoltes. Aussi n'hésite t-on pas à l'exterminer dès que l'on détecte sa présence. Pourtant d'élémentaires précautions non-violentes (de même que pour le rat) existent si l'on n'aime pas vivre au voisinage de rongeurs.
Le lérot est boulimique. Son poids, de 60 grammes environ en avril, va presque doubler en automne avant d’hiberner. Dès son réveil il passe son temps à rechercher de la nourriture et contrairement aux hamsters ou aux écureuils il ne constitue pas de réserves alimentaires, tout est grignoté sur place. Au menu: les fruits bien sûr, les graines (il est friand de tournesol), les bourgeons. Mais il n'est pas que végétarien il aime aussi les insectes et larves. Il peut s'attaquer à l'occasion à d'autres petits animaux tels que souris, musaraignes, grenouilles et escargots. Il est volontiers charognard. C'est aussi un prédateur occasionnel d'oiseaux. Il arrive qu'il pille les nids, prend possession des logements cavernicoles après avoir dévoré la nichée. Ce qui ne contribue pas à lui donner bonne réputation.

 
 

Pour éviter ces désagréments, il est préférable d'installer pour les oiseaux des nichoirs à balcons dont vous trouverez les indications et plans sur ces liens :

  • http://www.lallement.org/balcon.htm
  • http://www.oiseau-libre.net/annuaire/Oiseaux.html
  • http://www.lpo.fr/
  • http://pagesperso-orange.fr/affo/Dossiers/Nichoirs/nichoirs.htm
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    Si possible recouvrir ces nichoirs de plaques de métal, sur les cotés et le dessus de manière à rendre les parois glissantes et empêcher le lérot de s'y aggriper.
    Les merles quant à eux sont capables de lui donner du fil à retordre. En milieu urbain, il n'est pas rare d'entendre lors des nuits de printemps les cris d'alerte carractéristiques d'un couple de merles défendant sa nichée.

     
     

    Dans les maisons ce petit mammifère n'occasionne pas véritablement de "dégâts". Il ne pénètre qu'exceptionnellement à l'intérieur des habitations et se contente à la limite d'un coin de sous-pente ou d'un trou dans un mur pour dormir en hiver. L'été il vit essentiellement à l'extérieur. L'espèce n'est pas commensale de l'homme.

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    Si vous ne souhaitez pas qu'il visite votre grenier évitez seulement d'y entreposer de la nourriture. Laissez-y rôder votre matou et calfeutrez les entrées plutôt que d'utiliser des pièges ou du poison. Vous éviterez ainsi des cruautés inutiles. De plus comme il est malin il apprendra vite à déjouer les embûches.
    Quant aux vignes et vergers, ils sont la plupart du temps bien défendus par les rapaces nocturnes, les chats errants ou autres fouines et martres. (La fouine peut faire une consommation importante de lérots, qu'elle débusque souvent au nid).

    Les rapaces nocturnes commettent également des hécatombes parmi les lérots, on a par ailleurs constaté que ces oiseaux pouvaient totalement disparaître d'une région si les petits rongeurs (lérots entre autres) étaient trop rares.

    Dans le sud-ouest de la France et l'Espagne le lérot doit aussi affronter la genette, petit carnivore nocturne très agile dans les arbres. (Peut-être son prédateur le plus efficace).

     

    Pour accroître ses chances d’échapper à tous ses ennemis, le lérot s’est inspiré de la technique du lézard : il abandonne à son agresseur un morceau de queue pour faire diversion. En fait la technique diffère un peu, c’est la peau du bout de la queue qui se détache telle une gaine, laissant à nu les vertèbres terminales qui se dessècheront et ne tarderont pas à tomber à leur tour. Contrairement au lézard la queue du lérot ne repoussera plus. Adieu donc le gracieux « plumet » blanc.

    Le lérot se trouve souvent en compétition avec le rat noir. (Beaucoup plus gros, 20 cm + 15 de queue pour un poids de 180/200 gr). Même habitat, même alimentation quoique moins carnivore, le rat noir est aussi agile que le lérot et n'hiberne pas. D'autre part il apprécie plus que le lérot l'habitat humain.

     

    Reproduction

    Une fois par an, peu avant l'été, mère lérot après une gestation de 3 semaines donne naissance à une portée relativement modeste pour un rongeur (je n'en ai jamais observé plus de 5) Vous pouvez apercevoir un mois et demi plus tard toute la famille en vadrouille, courir le long des branches ou arpentant les murs. Si vous avez un sureau à proximité de chez vous, observez le bien le soir, vers fin août/début septembre, au moment où les fruits murissent. Vous aurez toutes les chances de voir les jeunes lérots, encore petits (5 à 7 cm), se gaver de baies, la gorge maculée de jus noir.
    Au printemps suivant les jeunes seront en âge de procréer à leur tour. Ils vivront en moyenne 5 ans s'ils parviennent à échapper à leurs ennemis.


    Si parfois la population du lérot à un endroit localisé peut paraître importante, il ne pullule jamais. On s'est aperçu aussi que sur plusieurs années le nombre d'individus au même endroit peut varier considérablement, voire disparaître pendant un temps.

     
    Hibernation

    Vers le milieu ou la fin de l'automne, selon le climat, nos compères repus et bien gras disparaîtront en groupe dans leur nid, et vous n'entendrez plus parler de la famille lérot jusqu'aux mois de mars/avril. Comme son parent proche, le loir, il passe donc la moitié de l'année "au lit".
    Une curiosité : les lérots entrent en léthargie dès que la température passe, sur plusieurs jours, en dessous de 12/13°.
    Il arrive donc parfois qu'il hiverne...en été !


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    L'hibernation, une stratégie animale de lutte contre le froid et la faim.

    Pour en savoir plus cliquer sur les liens & images ...

  • L'hibernation
  • https://com-www.unil.ch/allezsavoir/AS010.pdf
  • http://www.cons-dev.org/marm/MARM/PUBNET/Rapports/Cochet/1634.html
  • Pratiquer l'hibernation, c'est réaliser de formidables économies d'énergie ! (Peut-être une alternative à notre consommation imbécile au nom de la croissance obligatoire").

     
     
     


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    Comme chaque animal le lérot a sa place dans la chaîne alimentaire et joue son rôle dans l'équilibre écologique. Mais chassé, piégé et exterminé comme la plupart des rongeurs il a été classé espéce "vulnérable" en 2002. Il est devenu en 2017 "espéce protégée". À ce titre il bénéficie d'une protection légale européenne. (Annexe III de la Convention de Berne : protection de tous les Gliridae : loirs, lérots, muscardins… Novembre 2017).

    Malheureusement cette convention est bafouée. Les pièges et appats empoisonnés sont utilisés et vendus en toute liberté dans les drogueries et sur internet au mépris des décisions européennes et avec l'accord du ministère français de l'agriculture et des forêts. (Il en est de même pour la réglementation de la chasse et de la pêche. En France, l'extermination des animaux est plus un sport qu'un délit). Les animaleries, ces magasins où l'on vous vend des souris blanches, hamsters, lapins nains ou cochons d'Inde sont les premiers à diffuser ces moyens d'extermination sous l'appellation "lutte contre les rongeurs" ( ! ) Notons que l'utilisation des poisons est nocive également pour leurs prédateurs parmi lesquels les animaux domestiques. (Chats, chiens, furets, faucons...)
    Alors un peu de tolérance pour ce chapardeur, évitons la barbarie et ne perdons jamais de vue que le monde n'est pas la propriété exclusive de l'espèce humaine.

     

    Avec un peu de patience et d'observation, vous pourrez amadouer le lérot. Il est très facile de l'attirer avec des friandises et de l'accoutumer ainsi à votre présence. Il adore le miel, le chocolat, le yaourt… En fait ses goûts alimentaires sont très proches des notres. C'est peut-être une des raisons pour laquelle il est mal aimé des humains en général qui n'apprécient guère la concurrence. Pour l'approcher, ne faites pas de mouvements brusques. Contentez vous au début de l'observer à distance. Quand il sera habitué à vous il viendra prudemment chercher le morcau de biscuit que vous lui tendez.

     


    Le soir quand les oiseaux s'éclipsent, il prend la relève à son tour pour animer les lieux. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.)

     

     

    Le muséum de Perpignan publie chaque année un fascicule avec ses travaux et recherches dans les sciences de la nature.
    Le numéro de 2008 traite de 5 espèces d'animaux des Pyrénées-Orientales. (La musaraigne étrusque, le dasman des Pyrénées, le lérot, l'étourneau sansonnet, le crapaud accoucheur). Dans cet article fort enrichissant sur la connaissance de ces espèces l'on découvre entre autres le rôle important que le lérot joue dans la régénération des forêts dévastées par les incendies. Un argument supplémentaire pour la protection de cet animal.
    "Le lérot, un allié des forêts" par Mylène Legrand, éthologue.
    Annales du Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan. n°16, déc 2008.

    Muséum d'Histoire Naturelle
    12 Place Fontaine-Neuve
    Ville de Perpignan - 66000
    04 68 66 33 68 / 04 68 66 36 90
    Muséum d'Histoire Naturelle de Perpignan
    Mail : museum-histnat(À)mairie-perpignan.com

      Pour en savoir plus sur les lérots. (Liens)

                    

    Cliquer ici ou sur l'image ci-contre :

     
    Vous trouverez sur la page suivante de nombreux liens et informations sur les caractéristiques de ce rongeur. (Morphologie, reproduction, répartition géographique, etc…) ainsi que sur les autres Gliridés. (Nombreuses images).